Théâtre à domicile !
Les élèves de 2 ème année de DNMADe et de 1 ère année de DSAA1 ont pu assister dans une salle du lycée à la pièce de théâtre Les Silencieuses (récit d’un voyage) jouée par Nicolas Raccah, mardi 11 janvier 2022.
Deux étudiantes racontent :
« L’auteur et acteur Nicolas Raccah a conçu sa pièce en partant de l’un de ses précédents projets : une pièce sur des poèmes érotiques de la Renaissance. Nombre de ses spectatrices se plaignant de l’absence de textes de femmes cités lors de ses représentations, il est parti en quête de ces textes. Les Silencieuses nous content ainsi son voyage à la recherche des poèmes érotiques écrits par des femmes au travers d’un monologue rassemblant des textes de tous les âges.
Par définition, le monologue est le discours d’un personnage qui parle seul sur scène sans intervention d’un interlocuteur. Pourtant, le spectacle présenté permet véritablement de visualiser de nombreuses interactions entre hommes et femmes au sujet du désir, de l’érotisme et d’autres sujets.
Comment, alors, un acteur peut-il donner à voir des absents au travers d’un monologue ? Comment peut-il montrer à lui seul les
hommes qui ont fait taire et les femmes qui se sont tues.
Le jeu et la mise en scène sont les piliers de cette représentation. La scène, minimaliste,
ne compte que deux tabourets apportés par l’acteur ainsi que le tableau et la porte de la
salle. Chacun de ces éléments est mis en lien avec le texte pour créer l’illusion d’un
décor :
- L’un des tabourets, central à la scène, laissait entrevoir, en tant qu’assise vide, la
femme en tant qu’objet de soumission, qui subit les diktats de la société dans
laquelle elle vit : les réprimandes et l’éducation de sa mère, les critiques de ses
contemporains, les violences de son mari, les préceptes religieux faisant d’elle la
racine du mal. Toutes ces voix sont incarnées par N. Raccah, dont le jeu se dirige
vers le tabouret, créant ainsi la femme qui n’est pourtant pas là.
- Face au tableau, l’acteur incarne une prisonnière. Une femme qui, soumise à des
restrictions, se sent enchaînée et supplie son amant de la libérer de ce cadenas
qui l’empêche de s’exprimer. Cette impression d’enfermement est renforcée par
l’interprète qui nous tourne le dos : on se sent enfermé avec cette femme et le
tableau devient les barreaux de sa prison.
- La porte est également utilisée comme une barrière entre une femme et son
amant, qu’elle supplie de la libérer de ses souffrances. On visualise derrière cette
porte un autre lieu où se trouverait cet homme qu’on ne voit pas mais qu’on
imagine, la femme incarnée par l’acteur lui adressant la parole, appuyée contre
les barreaux, le visage désespéré.
Mais le jeu en lui-même crée des images indépendamment du décor. Par exemple, les
mains de l’acteur sont des êtres à part entière essayant d’obstruer la bouche de l’acteur
pour le faire taire, le réduire au silence.
Le spectacle étant joué dans des lieux complètements différents (salons, salles de
théâtre, salles de classe), il s’adapte à son environnement : le jeu crée le décor et le décor
répond au jeu. Un monologue dialogue. »
O. R. et S. T., DNMADE 2 ème année