Juges et avocats
En fin d’audience, au palais de justice de Bobigny, Nana et Fatou se serrent dans les bras. Elles ont obtenu gain de cause, les accusés ont écopé de huit et vingt ans de prison. Un soir à la sortie du lycée, deux hommes l’ont suivi et violée. «Elle était très maquillée et avait une minijupe », justifie maladroitement l’accusé, un lycéen au visage rond. « Et si votre mère était habillée
comme elle, pensez-vous qu’elle mériterait d’être violée ? », questionne sèchement l’avocate de la victime. « Non », répond l’accusé en baissant la tête.
Ce procès, complètement fictif, provient de l’imagination d’élèves de 2de MRCU du lycée. Depuis début janvier, les adolescents travaillent avec la juriste Blandine Grégoire de l’association Jeunes et citoyenneté, à reconstituer ce procès pour viol. Les textes ont été écrits par leurs soins, les rôles distribués. Le thème - les violences faites aux femmes - a été choisi par l’organisateur de l’opération, la bibliothèque Robert-Desnos de Montreuil.
« Il y a encore beaucoup à faire pour décrypter les stéréotypes, justifie Christelle Leblanc, responsable du secteur adulte. Il faut rappeler qu’une fille victime est victime, point. Durant une journée de sensibilisation, on a beaucoup insisté sur ce qu’est la sidération par exemple.»
Les élèves ont aussi assisté à une audience de comparution immédiate et notamment à une affaire de violences conjugales. Un procès qui a « choqué » Nana et Fatou. « L’homme utilisait des mots crus, il rabaissait sa femme. Il a pris deux mois avec sursis, ce n’est pas beaucoup, il y a eu plusieurs violences », racontent les adolescentes.
« L’exercice, c’est qu’ils comprennent qu’on juge différemment les majeurs et les mineurs et qu’ils réfléchissent à quelle peine donner pour éviter que les accusés ne recommencent », détaille, à la fin de l’audience, Blandine Grégoire.
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