Les adieux du Cirque Plume
Les 48 étudiants de DNMADe ont assisté le 3 octobre à La Dernière Saison, le dernier spectacle du Cirque Plume, une troupe qui a révolutionné l’art du cirque depuis les années 1980 (au Parc de la Villette jusqu’au 30 déc. 2018).
Voici le texte collectif qu’ils ont rédigé :
Le spectacle s’articule autour des quatre saisons. La composition des décors suit le passage des saisons en utilisant différents éléments tels que des feuilles mortes pour l’automne, des plumes
blanches pour les flocons de neige en hiver, des fleurs pour le printemps et une bâche en plastique figurant la mer pour l’été. Des lumières projetées sur des rideaux opaques ou transparents permettent de créer différentes ambiances visuelles selon le moment de la journée représenté. La scène est donc comme un paysage miniature qui subit le passage du temps et ses effets sur la nature. Le spectacle finit par une critique de l’impact, de l’homme cette fois, sur la nature.
Pour chaque saison, trois types de scène s’enchaînent : tableaux, sketchs et numéros d’acrobates, dont du funambulisme, du mât chinois, du cerceau et de la contorsion. Cependant, la troupe met le cirque et ses numéros au goût du jour, notamment par le biais de l’humour. À côté de quelques numéros sérieux et poétiques comme des danses en solo ou en duo, de nombreux numéros sont en effet basés sur l’humour (une contorsionniste en skis communique son malaise grâce à ses expressions faciales).L’humour se retrouve dans les costumes qui renvoient à la fois à l’univers du cirque (justaucorps pour les femmes) et à un univers bohème en mêlant vintage, tissus recyclés et objets détournés (une trompette en guise de chapeau par exemple).L’humour est renforcé par la présence de clowns et de nombreuses interactions avec le public : voilà que débarquent au milieu des gradins le Père Noël ou même le Père Fouettard !
Les musiciens occupent également un rôle central dans ce spectacle, où ils jouent constamment. Le compositeur Benoit Schike a composé l’intégralité de la bande sonore avec son groupe Benny Joke. On retrouve dans leur style les allures burlesques du cirque classique mêlées à des airs de bluegrass. Les instruments défilent (piano, basse, saxophone, contrebasse, harmonica, accordéon), tandis que les artistes varient les rôles. Benoit Schike lance des cris énergiques, par petits coups intenses, pour relancer ses musiciens. Sa voix nous fait frémir. Dans la foule, les spectateurs tapent discrètement la mesure. Dans ce cirque contemporain, la musique se pratique aussi bien avec des instruments qu’avec des objets ou le corps des comédiens. Faire de la musique avec son corps, c’est rappeler qu’à la préhistoire, on pouvait déjà faire de la musique ; c’est aussi rappeler le côté primitif du cirque. À la musique s’ajoutent de nombreux bruitages. Tandis que la musique nous apporte une émotion, les bruitages nous rappellent que le cirque est fait pour rire. On en remarque qui soulignent le bruit d’une claque ou encore le clapotement de la vague. Enfin, dans ce cirque revisité, les artistes remplacent les animaux, jusqu’à imiter leurs cris, en passant du lion… à la truie !
Quand les lumières s’éteignent, il faut donc dire adieu à un art original de faire du cirque : « La dernière saison » signifie également le dernier spectacle, un adieu au public.
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